Cruelles de Cat Clarke

Auteur : Cat Clarke

Editions : Robert Laffont (R)

Parution : 2013

Pages : 417

Prix : 16.90 €

Résumé : Lors d'un séjour avec sa classe en Ecosse, Alice et sa meilleure amie Cass sont coincées dans une cabane avec Polly, l'asociale de service, Rae, la gothique aux terribles sautes d'humeur et Tara, la reine des pestes. Populaire, belle et cruelle, cette dernière prend un malin plaisir à humilier les autres. Cass décide qu'il est grand temps de donner à Tara une leçon qu'elle n'est pas prête d'oublier. Va alors se mettre en marche une succession d'événements qui vont changer la vie de ces filles à jamais.

Excellent - Très bon - Bon - Moyen - Déception

___Cruelles m'a tout d'abord attiré par son genre. Ce roman m'avait tout l'air d'être un roman ancrée dans notre réalité, sans tous les artifices de magie, ou de dystopie que l'on rencontre actuellement en young-adult. J'étais donc curieuse de voir ce que Cat Clarke nous proposait à travers une aventure associant de jeunes adolescentes à un drame, comme le laisse penser le résumé. Si Cruelles n'échappe pas aux quelques maladresses du genre young-adult, je reconnais que j'ai passé un très bon moment avec ce livre et qu'il m'a agréablement surprise sur bien des points.

Une intrigue crédible

Cruelles nous propose ici une intrigue tout à fait plausible et dont la crédibilité est parfaite. Ce genre de drame peut arriver à n'importe lequel d'entre nous, et j'avoue que retrouver un thème comme celui-ci dans un roman young adult m'a vraiment plu. L'auteur ne nous ménage pas une seconde, alternant les débuts d'une romance d'adolescents avec des passages dignes d'un vrai thriller, j'ai adoré. J'ai été totalement happée par le récit, notamment par certaines actions que je trouvais incroyablement bien menées, et surtout bien contées. L'angoisse provoquée par l'horreur du récit a été telle que j'ai été réellement stressée par ma lecture. J'aime me sentir totalement à l'intérieur d'un livre et c'est ce que Cruelles a su m'apporter. Tout un tas d'émotions a su me traverser pendant la lecture de Cruelles et je salue le talent certain de l'auteur qui a su créer une atmosphère lourde, pesante, mais passionnante. Je souligne aussi le fait que la fin de Cruelles est juste... cruelle. Ce sentiment qui prime tout au long de la lecture "va-t-elle le faire, il faut qu'elle le fasse" prend tout son sens à la fin et apporte un bouleversement frustrant, mais totalement captivant, que l'on termine la lecture la bouche grande ouverte de stupeur !

Des personnages émouvants

Ajoutons à cette intrigue réussie des personnages véritablement attachants. Il est très facile de s'identifier à Alice, adolescente intelligente et intéressante, mais il est encore plus facile de s'attacher à elle lorsqu'on apprend (dès les premières pages) qu'elle a perdu sa maman suite à une longue maladie. Vu mon contexte personnel actuel, il était évident que je m'attache et m'identifie à ce petit bout de femme déjà bien meurtri par la vie. Son papa m'a également beaucoup émue. Très bon père, cherchant toujours à se remettre en question pour combler l'absence de sa maman et rendre sa fille la plus heureuse possible m'a réellement touchée. Cass, la meilleure amie d'Alice, m'a agacée du début à la fin. N'assumant en aucun cas ses actes, elle cherche simplement à faire profil bas, ne laissant pas le choix à ses camarades. Ce petit personnage autoritaire n'a pas du tout conquise et m'a d'ailleurs bien agacée. Polly m'a intriguée, voire inquiétée tout au long du roman. J'aurais aimé en apprendre plus sur elle et avoir une révélation la concernant, au moins à la fin. En ce qui concerne Tara, qui reste naturellement l'un des personnages clefs de ce roman, Cat Clarke a réussi à en faire une jeune fille totalement peste et insupportable, le genre de fille que connait tout établissement scolaire. Je souligne donc le très bon travail de l'auteur concernant ses personnages que j'ai trouvé pour le coup, plutot très bien réussis.

Des actions pas toujours indispensables

Le seul bémol de ce livre qui m'a empêché de l'élever jusqu'au coup de coeur est le sentiment de "remplissage" que j'ai ressenti à plusieurs moments de ma lecture. En toute honnêteté, je trouve que leurs activités de rafting ou de canoé n'apportent pas grand chose à l'intrigue et ces passages consacrés à leur séjour m'ont un peu ennuyée. Si l'auteur souhaitait faire un nombre de pages bien précis, peut-etre aurait-elle du inventer d'autres péripéties plutot que de consacrer plusieurs chapitres aux activités sportives de la sortie scolaire qui sont un peu inutiles et qui ralentissent considérablement le rythme.

Un roman qui fait réfléchir

Venons au point qui m'a le plus marqué. Cruelles, outre le fait d'être un roman de young-adult, était également un roman psychologique qui nous invite à nous poser, tout au long des pages, cette même question : qu'aurais-je fait à leur place ? Et je souhaiterais sincèrement saluer ce fait, qui est pour moi quelque chose de très important. J'aime quand la littérature me fait passer un bon moment, mais j'aime encore plus quand elle me fait passer un bon moment ET qu'elle m'apporte quelque chose pour me faire avancer et me faire réfléchir. Et le fait que Cruelles soit un roman de young-adult capable de nous faire avancer et nous poser des questions l'amitié, la tolérance, la peur, ou encore sur nous-mêmes et nos propres limites est un point qui me semble primordial et d'autant plus intéressant. Je trouve formidable que des auteurs mettent à la portée des jeunes lecteurs ce genre de questionnement et de raisonnement, et je félicite non seulement l'auteur mais également la collection R pour avoir publié un tel livre qu'il faut absolument avoir lu.

Cruelles est donc un bon roman de young adult qui se démarque par sa capacité à nous faire réfléchir et à nous poser tout un tas de questions importantes dans le chemin chaotique de la vie.

  ___Les petits + : La capacité qu'a ce roman à nous faire réfléchir sur nous-même, qui plus est lorsque c'est un roman de young-adult... Rien d'autre à dire à part : "chapeau bas" !

  ___Les petits - : Petit sentiment de remplissage concernant un éventuel cota de pages à respecter car certains chapitres totalement inutiles à l'intrigue mais qui plaira sans doute à ceux qui souhaite s'immerger davantage dans le récit