Revue cinéma #4

Yves Saint Laurent, un film de Jalil Lespert  - 1H46

avec Pierre Niney, Guillaume Galienne, Charlotte Le Bon....

Synopsis : Paris, 1957. A tout juste 21 ans, Yves Saint Laurent est appelé à prendre en main les destinées de la prestigieuse maison de haute couture fondée par Christian Dior, récemment décédé. Lors de son premier défilé triomphal, il fait la connaissance de Pierre Bergé, rencontre qui va bouleverser sa vie. Amants et partenaires en affaires, les deux hommes s’associent trois ans plus tard pour créer la société Yves Saint Laurent. Malgré ses obsessions et ses démons intérieurs, Yves Saint Laurent s’apprête à révolutionner le monde de la mode avec son approche moderne et iconoclaste.

Mon avis : Etant une grande admiratrice de haute couture, ce grand nom de la mode m'a toujours fascinée. J'avais plusieurs fois entendu parlé de sa vie tumultueuse sans vraiment m'y pencher davantage. Ce film, mis sur le devant de la scène ces derniers temps et encensé par la presse du cinéma était la bonne alternative pour connaître un peu plus le créateur.

Tout d'abord, parlons des acteurs. La métamorphose de Pierre Niney, ce jeune acteur de 24 ans, est bluffante. On voit son travail minutieux pour s'identifier à YSL pour la gestuelle, la façon de parler, de s'exprimer... Une performance incroyable tout au long du film. La pathologie du créateur - maniaco-dépressif - est également très bien représenté à l'écran. En outre, je tiens à parler de l'acteur Guillaume Gallienne que je connaissais déjà auparavant. Incarnant Pierre Bergé, le compagnon de Saint Laurent, il n'est pas, comme on pourrait le penser, mis sur le côté. Au contraire, il est, et ce, depuis le début, le pilier de la carrière de YSL. D'un point de vue professionnel mais également personnel. Ce coup de foudre - qui durera plus de 60 ans - est dévastateur pour les deux hommes. Il sera à l'origine de leur plus grand bonheur mais aussi leur plus grand malheur...

A mes yeux, ces deux acteurs ont plus que réussi leur challenge, à savoir incarner deux hommes amoureux du XXè siècle dans leur plus profonde intimité.

Le plus marquant, dans ce film, est la réalité qui s'en dégage. Ce n'est pas simplement l'histoire de la naissance de la haute couture mais l'histoire de la vie de cet homme, de ses rapports intimes et ses auto-tortures. Le Yves Saint Laurent vu de l'intérieur, sans doute accentué par le fait que Pierre Bergé a autorisé les équipes du film à tourner dans les lieux qui faisaient l’intimité du couple : l’appartement des deux hommes au 5 avenue Marceau, l’atelier du styliste ou encore le Jardin Majorelle à Marrakech où Saint-Laurent imaginait ses collections. En revanche, cet aspect intéressant peut également être le point noir du film. A trop jouer sur l'intérieur du personnage et sur ses tourments personnels, on ne voit que très peu le créateur dans son oeuvre. Il est vrai que ce film tourne surtout autour des relations amoureuses tumultueuses, de l'adultère de ces deux hommes, etc.  Les scènes de sexes sont donc assez présentes et m'ont un peu dérangées par moment. Le côté vulgaire de la chose est vraiment mis en avant et pas une seule de ces scènes érotiques me faisaient penser à deux êtres qui s'aiment et se le montrent. On peut donc voir les ébats de deux hommes ensembles ou d'un homme et d'une femme, et il n'en ressort que la bestialité de l'acte. L'amour aurait également pu être représenté par ces séquences et ce ne fut pas le cas. Mais est-ce le choix du réalisateur car cette "violence" faisait partie de YSL ?

Côté visuel, il n'y a rien à redire. Les années 50 sont bien représentées. D'un autre côté, le film se déroule la plupart du temps en intérieur donc l'effort pour reconstituer les lieux n'a pas été extraordinaire. Mais les quelques accessoires d'époques sont bien présents ; ainsi, j'ai pu me régaler les yeux par les automobiles d'époques (que j'adore ! ) bichonnées encore aujourd'hui par des collectionneurs (comme mon papa :p ). Les appareils photos d'époque sont également souvent présents lors des défilés de mode. Malheureusement, le "trucage" est assez visible : en effet, les appareils photos sont simplement là pour la déco et ne fonctionnent pas. Les flashs sont artificiels et projetés par l'arrière pour faire croire au fonctionnement de ces anciens objets. Il est très facile de remarquer qu'aucun appareil ne prend de photos. Dommage, quand on sait que ceux-ci fonctionnent encore tout à fait aujourd'hui...

Je souhaiterais terminer sur une note importante : l'amour de ces deux hommes. Comme dit plus haut, leur rencontre va les amener aux moments les plus terribles de leur vie, comme les plus heureux. YSL n'aurait jamais pu être YSL sans Pierre Bergé, qui gérait presque tout, élément illustré par exemple par cette phrase : "Le talent, tu l'as. Le reste, je m'en occupe". Cet amour inconditionnel est palpable que j'en ai eu des frissons presque tout du long. L'amour de ces deux hommes est impressionnant et nous touche en plein coeur. Il est d'ailleurs brillamment illustré par ces dialogues très forts, qui prouvent à quel point leur vie dépend l'un de l'autre : "Tu veux vivre ou tu veux mourir ? Parce que si tu veux mourir, moi je ne peux rien faire pour toi." Je pense sincèrement que Pierre Bergé est le moteur de YSL et qu'il lui a permis de vivre. Vivre tout simplement.

Un très bon film, donc, que je me réjouis d'avoir vu. Quelques défauts, cependant, mais toutefois un bel hommage à Yves Saint Laurent. Mention spéciale au duo d'acteurs qui m'a laissée des étoiles plein les yeux.